Le Carolina Reaper.

Le piment le plus fort du monde ?

Le Carolina Reaper est reconnu comme l'un des piments les plus forts du monde, avec une moyenne de 1,6 million d'unités sur l'échelle de Scoville et des pics pouvant dépasser 2,2 millions. 


Ce niveau d'intensité est dû à sa teneur exceptionnelle en capsaïcine, le composé responsable de la sensation de brûlure. 


Il a longtemps été considéré comme le détenteur du record mondial, attirant l’attention des amateurs de piments extrêmes. 


Cependant, de nouveaux piments parfois encore plus forts (mais de peu) ont été créés par des cultivateurs spécialisés, cherchant à repousser les limites.


Ces nouveaux piments, comme le Pepper X, sont des croisements issus directement du Carolina Reaper. En croisant ce piment avec d'autres variétés particulièrement puissantes, les producteurs ont réussi à concentrer davantage de capsaïcine. Par conséquent, ces piments de nouvelle génération surpassent parfois le Carolina Reaper en termes de puissance, mais de peu, et le Carolina Reaper reste toujours une référence et un point de départ pour ces nouvelles créations. 


Sa renommée mondiale et sa puissance exceptionnelle en font un symbole pour le moment indépassable dans le monde des piments. 





Ci-dessus : Une vue macroscopique des gouttes de capsaïcine pure à l’intérieur de l'un de nos Carolina Reaper cultivé à Bruxelles.

Une origine chelou.

La véritable origine du Carolina Reaper reste une controverse qui alimente les débats dans le monde des piments extrêmes. Officiellement, ce piment aurait été créé dans les années 2010 par Ed Currie, un cultivateur américain basé en Caroline du Sud. Currie affirme avoir croisé un Habanero rouge avec un Naga Viper, une variété anglaise déjà célèbre pour sa puissance, pour développer ce qui deviendra le piment le plus fort du monde en 2013, selon le Guinness World Records. Mais des voix s’élèvent pour contester cette version officielle et jeter une ombre de doute sur cette histoire.


Certains experts et passionnés de piments (dont nous sommes) pointent du doigt l'étrange ressemblance entre le Carolina Reaper et des variétés expérimentales développées au Royaume-Uni à la fin des années 2000, notamment par des cultivateurs anglais travaillant sur des croisements impliquant le Naga Viper. 

Or, ces travaux précèdent de quelques années l’apparition publique du Carolina Reaper. Ed Currie aurait-il puisé dans ces variétés anglaises sans le dire ? La similitude génétique entre le Reaper et ces piments reste une zone d’ombre, car aucune analyse comparative n’a été rendue publique.

En 2013, lorsque le Guinness a couronné le Carolina Reaper comme le piment le plus fort au monde, certains critiques ont remarqué que Currie n’a jamais fourni de détails clairs sur le processus de croisement qui aurait mené à sa création. Pourquoi autant de mystère autour d’un développement qu’il revendique comme étant totalement original ? Certains murmurent même que Currie aurait profité de voyages ou de contacts avec des cultivateurs européens pour acquérir des graines ou des idées, qu’il aurait ensuite adaptées à son propre profit.


Cette théorie est alimentée par le fait que Currie lui-même n’a pas toujours été un nom connu dans le monde des piments avant cette consécration. Les cultivateurs anglais, en revanche, étaient déjà reconnus pour leurs travaux avec des piments ultra-puissants dont voici les deux exemples les plus probants :


Naga Viper :

Le Naga Viper a été développé par Gerald Fowler, un cultivateur britannique passionné et propriétaire de "The Chilli Pepper Company" dans le nord-ouest de l'Angleterre. Il a créé ce piment en croisant plusieurs variétés, notamment le Naga Morich, le Bhut Jolokia et le Trinidad Scorpion, pour obtenir une variété incroyablement puissante qui a brièvement détenu le titre de piment le plus fort du monde en 2011.


Dorset Naga :

Le Dorset Naga a été développé par Joy et Michael Michaud, un couple de cultivateurs anglais basés dans le Dorset. Ils sont les propriétaires de "Peppers by Post", une entreprise spécialisée dans la culture et la distribution de piments. Ils ont sélectionné et stabilisé cette variété à partir du Naga Morich, originaire du Bangladesh, pour en faire un piment unique à la fois puissant et savoureux.


Alors, pourquoi le nom d’Ed Currie a-t-il soudain éclipsé ces pionniers ? Est-ce le résultat d’un coup de génie marketing ou d’une appropriation habile des travaux d’autrui ?


Ed Currie défend fermement sa version des faits et continue de promouvoir le Carolina Reaper comme une création 100 % américaine. Cette controverse, bien que non résolue, soulève des questions importantes sur l’éthique et le crédit dans le monde de l’agriculture, où les frontières entre inspiration et appropriation restent parfois floues.



 


Text & images by Thibault Fournal. 

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